David en rêvait depuis un moment.
Et depuis qu’il nous en avait parlé, nous en rêvions aussi. Pensez donc, 3293 m, ça cause sur un CV de vttiste 😉
Blague à part, c’est une trace très alléchante que nous proposait donc l’ami depuis 2 ans ; cette année, ça semblait pouvoir se goupiller presque bien. Je dis presque, parce que Jeff n’a pu être des nôtres…
L’itinéraire choisi est le suivant : départ d’Aiguilles, montée par la piste jusqu’à la bergerie du Lombard, puis on rattrape le GR pour rejoindre le lac du Grand Laus. De là, portage jusqu’au petit col Malrif, puis col Malrif, et enfin crête aux eaux pendantes jusqu’au sommet.
Ah oui, pardon, c’est dans le Queyras que ça se passe.
Donc, ce 18 juillet, David, Marc et moi partons pour 24 km, 1800 m de dénivelé positif, et autant de négatif. C’est du raide, du bien bien raide même, puisque les 1800 m sont à avaler en 13 km. Heureusement, les 5 premiers kilomètres jusqu’à la bergerie du Lombard sont très roulants, voire même bien agréables pour se mettre en jambes, et permettent mine de rien de gagner plus de 500 m.
A la bergerie, fini le pédalage pour quelques temps, ou alors juste par intermittence. La piste devient sentier et se raidit sévèrement. Nous sommes désormais passé au dessus de l’étage forestier, place à la prairie. J’aime beaucoup partir d’un fond de vallée pour traverser les différents étages de la montagne, jusqu’à celui d’aujourd’hui, le caillou. Ces changements d’environnements participent à cette impression de mini voyage à la journée.
Cette année, une constante de nos sorties Queyrassines aura été la quantité hallucinante de mouches et autres taons. Les pauses n’auront jamais duré bien longtemps à cause de ces foutues bestioles. Et même sur le vélo, c’est tel de vieux trolls que nous avancions, avec notre nuage personnel de mouches en vol stationnaire au dessus de nos têtes.
En alternant poussage et pédalage, on finit par croiser la crête du Serre de l’Aigle, où le panorama nous en dévoile un peu plus sur ce qui nous attend.

Tout au fond, le Grand Glaiza, avec le pic Malrif au plan précédent. A ses pieds, encore invisible, le lac du Grand Laus.
Voir l’objectif apparaitre est toujours excitant. Là, ça l’est encore plus pour nous 3, ce sera notre premier 3000 à vélo. Pour couper court à tous les commentaires taquins, je tiens à dire que les chiffres, on s’en fout pas mal. Si je vous en cite régulièrement, c’est juste parce qu’ils permettent d’évaluer la difficulté, voire le style d’une sortie. Nous n’allons pas au Grand Glaiza parce qu’il fait 3293 mètres, mais parce que la trace est belle, et que, quand même, 1800 mètres de descente, ça ne se refuse pas (ou alors, il faut consulter d’urgence !).
Voilà, ça, c’est dit.
Du petit col sur la crête du Serre de l’Aigle donc, le joli sentier qui ondule nous permet de remonter sur les vélos, presque jusqu’au lac.
Le lac, que l’on découvre au dernier moment, est splendide. On aperçoit immédiatement le portage qui nous mènera au petit col Malrif. Visuellement, il fait peur, ça ressemble fort à un mur cette affaire…
Et puis en fait non, ça passe plutôt bien, et c’est bien moins long que ce que l’on croyait.
Là, Marc et moi partons en portage en regardant nos pieds, et comme des crétins, nous suivons le balisage, qui monte au pic Malrif. David, plus malin (et il n’a rien dit, le fourbe !), a pris la trace qui coupe directement vers le col Malrif.
On se prend un peu plus de dénivelé, mais c’est un mal pour un bien. De là haut on voit très bien l’itinéraire de descente qui suit la crête sud du pic jusqu’au lac. Et le panorama est d’enfer, avec le Viso en fond.
Mais ça, c’est pour tout à l’heure. En nous retournant vers ce qui nous attend, on découvre ça :
Une petite descente plus tard, nous avons rejoint David au col Malrif. Là, c’est le gros morceau. La remontée de la crête, ce n’est que 400 mètres et des poussières de dénivelé en 2 kilomètres, mais ça commence à 2866 mètres…
Vous vous en doutez bien, ça ne roule que très peu.

Marc et David au début de la crête. Derrière eux, le pic Malrif (celui avec le sentier qui arrive au sommet).
Nous rattrapons un groupe de randonneurs qui va aussi faire le sommet. Comme souvent, ils sont ébahis de nous voir là à vélo. Nous prenons le temps de discuter, c’est toujours bien chouette de partager ces moments entre amoureux de la montagne. D’autant que le groupe est très sympathique, et que nous nous retrouverons au sommet, dans la descente, et même quelques jours plus tard.
Nous progressons ainsi dans du minéral pur. J’adore ça, l’environnement est génial : du schiste, du schiste, du schiste. Sur la droite, c’est par endroits assez raide, et sur la gauche, la longue pente courbe qui descend sur la vallée de Cervières est très esthétique. Tout ça contribue à la belle ambiance de cette section.
La toute fin s’annonce, c’est vraiment raide, et d’ailleurs totalement infaisable à vélo à la descente.
Le sommet est là. Et c’est un « vrai » sommet. Une esplanade de 10 mètres sur 30, avec une petite pointe rocheuse qui la surplombe de 3 mètres.

… et ce qu’il y a de l’autre côté : la face nord, et le fond de la vallée Italienne, comme vue d’avion.
Après une petit moment passé au sommet, nous redescendons juste en dessous, là où c’est roulable. Mais d’abord, pause casse croute, nous en avons bien besoin. Et encore avant, une photo à la con !
Et puis nous y allons, avec ce sourire gourmand de l’enfant qui va enfin avoir son jouet, mais aussi, comme souvent, avec une petite appréhension et une once de fierté : vais je tenter et réussir ces passages à la con vus à la montée ?
Nous sommes toue étonnés par le grip. Nous pensions devoir descendre sur un terrain fuyant : pas du tout, c’est même tout le contraire. Quel pied !
Après quelques challenges personnels plutôt bien négociés (un soupçon de pommade ne nuit pas de temps en temps), nous revoilà bientôt au col Malrif.
C’était dément. Dur juste ce qu’il faut, roulable quasiment partout, ludique, joueur, avec une vue à damner tous les saints. Et ce qui est bon, c’est que nous n’avons descendu que 400 mètres des 1800 prévus !
Le petit portage qui mène au pic Malrif est une formalité, mais nous sentons tout de même un brin de fatigue.
Et là, le gars David s’est fait doublement plaisir. D’abord parce que cette crête est un bonheur à rouler, et ensuite parce qu’il s’en sentait incapable. L’ayant faite à pied quelques années auparavant, il s’était senti pris de vertiges, et était persuadé de ne pouvoir la descendre sur le vélo. Que nenni ! Il l’a descendu, et avec le sourire en plus. Et du coup, nous étions content aussi.
On s’arrête avant la fin, pour reposer nos carcasses, mais aussi pour profiter de la vue sur le lac.
Et là, tout à coup, plus d’images. Mais pourquoiiii me demanderez vous ? Eh bien parce que comme d’habitude, quand ça devient roulant, on avionne, et on oublie de prendre des photos… Du coup, du lac jusqu’à la Pause, pas d’images (la Pause, c’est le nom d’un lieu dit, juste au dessus d’Aiguilles).
Ce que je peux vous dire, c’est que du lac, à 2590 m, il nous a fallu 15 minutes pour atterrir à 2000 m d’altitude, en ayant pris des pauses, et atteint ou frisé à plusieurs reprises les 40 km/h.
La dernière partie qui commence un peu en amont des Eygliers, est absolument démente. C’est cassant à souhait, plein d’épingles, technique et usant, tout ce qu’on cherche quand on aime le pilotage. Dans la première moitié, nous n’avons pas pu nous arrêter, il « fallait » la faire d’une traite. Le croisement de la piste nous a bien soulagé, la pause a été salvatrice. D’autant que nous ne savions pas que la seconde partie était du même tonneau ! En bons ivrognes, nous avons remis ça pour boire le calice jusqu’à la lie !
Nous voilà à Aiguilles. La trace se termine à 200 mètres du parking, et est bonne jusqu’au bout.
Premier 3000 mètres à vélo. Que dire ?
D’abord, et encore une fois, 3000 ou 2900, peu importe. Ensuite, et encore une fois, plus c’est haut, plus la descente est longue, et ça, c’est tout de même un luxe dont on cherche tous à profiter.
De plus, cette trace là est vraiment sublime. La descente est tout bonnement exceptionnelle, et la montée, belle et varié (les fameux étages montagneux dont je vous parlais plus haut).
Voilà, encore un truc d’anthologie, partagé entre personnes de bon goûts, ce qui est absolument primordial bien entendu.
Ce qui est emmerdant, c’est qu’on y prend goût à ces traces de qualité…
Merci pour la piqûre de rappel … belle trace pour la prochaine fois…
J’en aurais une autre à te proposer aussi 😉
Compte rendu détaillé, un excellent souvenir, merci !
Merci frérot !
au final combien de km la trace ?
et le d+ ? d- ?
Adil, passe chez l’ophtalmo 😉
« Donc, ce 18 juillet, David, Marc et moi partons pour 24 km, et 1800 m de dénivelé positif. »
Je te laisse faire le calcul du dénivelé total 🙂
Mais ceci dit, je vais modifier un poil le texte pour plus de clarté.
je me doutais que j’avais loupé l’info !
en tout cas belle balade !
C’est superbe, si tu reviens par là l’année prochaine, c’est vraiment à faire.
Bravo les gars!!!!! Dites l’an prochain, vous m’y emmenez? 😉
T’as intérêt de venir surtout !!!
Dément ce grand Glaiza! Je confirme. Fait quelques jours plus tard par une autre boucle mais la magie y était. Il m’a juste manqué d’y être « avec vous »…
Fait pas longtemps après…
https://www.youtube.com/watch?v=nbKxcwMVFKo
J’imagine que tu t’es fait autant plaisir que nous 🙂
Oh oui, quel pied ! ?
Tu m’étonnes, il faudrait être difficile pour ne pas avoir apprécier ce caviar quand même 😉
Si j’ai bien compris le CR, vous avez fait l’aller retour depuis Aiguilles ? Du lac jusqu’en bas, c’est sympa ? Parce que j’ai trouvé que la descente sur Abriès valait des points…
Tout à fait bien compris.
Sympa ? C’est énorme oui ! Et jusqu’aux derniers mètres avant le goudron !!!
Ça me paraissait très raviné au dessus de la bergerie. Mais bon, pas grand chose à jeter dans ce coin j’ai l’impression ?
Non non, tout est parfaitement roulable, avec un grand sourire scotché sur le visage !
Effectivement, tout ce secteur est absolument divin pour le VTT.